Biographie.
Résistants honorés.
Muratelle Guy




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Témoignages de Guy Muratelle
Archives famille Muratelle

Je n’apporterai rien au dossier de la mémoire en répétant que le temps passe emportant avec lui les derniers témoins d’une période qui nous est chère. Heureusement, les archives familiales peuvent encore nous redonner quelque espoir. C’est ainsi que Christine Muratelle vint un jour nous faire connaître le parcours que son père, Guy Muratelle, avait accompli. Bien évidemment, les interrogations que nous pourrions avoir ne recevrons pas les réponses que seul le témoin aurait pu nous apporter. Il est trop tard, décidemment trop tard.

Né en 1913, Guy Muratelle, qui vient de répondre avec succès à un stage de formation pour être moniteur de pilotage, prend en main, en février 1939, une classe de jeunes officiers pilotes sur Morane 315. Le 3 mars suivant, il est nommé sergent-chef pilote à l’École de l’Air.

Août 1939, la situation internationale est devenue des plus difficiles. Le lundi, 21 août 1939, l’aviation de chasse était placée en état d’alerte générale.(1)

Mais l’École de l’Air ne reste pas à Salon-de-Provence. Le 1er septembre 1939, elle déménage et rejoint la BA 106 de Mérignac ; c’est là, d’ailleurs, que Guy Muratelle va rencontrer Romain Gary qui, au grade de sergent parce qu’ayant échoué son examen de sortie de l’école d’officier, en mars 1939, arrivait à Bordeaux-Mérignac comme instructeur de tir, avec l’école de l’air d’Avord.(2)

Arrive encore sur Bordeaux l’Ecole de Salon. C’est là qu’ils sont rattrapés par la déclaration de guerre du 3 septembre, deux jours après.

Début 1940, Guy Muratelle se mariait le 10 février puis, le 12 mars, il passait le Brevet supérieur de navigation aérienne. Enchaînant à cela un nouveau stage, mais avec les moniteurs de la Patrouille de France, il pouvait se flatter d’être devenu « moniteur de perfectionnement au pilotage et à la voltige aérienne ». Ce qui semble justifier sa nomination comme adjudant pilote, le 1er avril 1940.

Le 10 mai 1940, les Allemands attaquent. L’École de l’Air continue son nécessaire travail de formation ; en effet, l’engagement des combats va engendrer de sévères pertes chez les aviateurs français. Prés de 40% des officiers et 20% des sous-officiers et hommes de troupe navigants sont tués, blessés ou disparaissent dans le feu des combats(3). La formation de nouveaux pilotes et de nouveaux équipages étaient essentielle.

Au lendemain de l’armistice, dont les clauses concernant l’aviation ont été revues par le Maréchal Goering, il était spécifié que l’occupant avait « renoncé à la livraison des avions militaires, si tous ceux qui étaient possession des forces aériennes françaises étaient désarmés et mis en sécurité sous contrôle allemand. » Plus loin, il était déclaré que « […] l’Allemagne n’entendait donner aux conditions d’armistice aucun caractère humiliant à l’égard d’un adversaire aussi brave. »

Donc, repli sur Perpignan Llabanére, base renommée de « l’Aéropostale ». Avec un Potez 6331. Romain Gary est parti depuis le 20 en direction de l’Afrique du Nord.

Guy Muratelle, le 10 janvier 1941, est affecté comme pilote à la 4° escadrille (Ungibus et Rostro)(4) du 2° Groupe d’aviation de chasse au Luc en Provence ; ils ont là des Bloch 152.

Le 11 novembre 1942, prenant pour prétexte le débarquement allié en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la zone non occupée. Guy Muratelle se trouve alors à Uzés, dans le Gard, chargé de l’instruction d’une compagnie de jeunes soldats. Le 28 novembre suivant c’est la dissolution de l’armée d’armistice. Les troupes allemandes pénètrent dans les bases aériennes, s’emparent du matériel en place et expulsent tout le personnel. Pour Guy, c’est le retour à Sainte-Foy-la Grande., où, toujours attaché à l’aéronautique, il devient titulaire du Brevet de Transports Public de pilote d’avion équivalant au Brevet de pilote militaire et au Brevet supérieur de navigation aérienne.

Mais le pays foyen est un terrain de Résistance. Guy Muratelle, en juin 1944, constitue un groupe de F.F.I. Il fait appel à des soldats qu’il a connus au Luc en Provence. Deux sous-officiers mécaniciens repliés se joignent à lui. Le groupe est intégré au groupe « Jean » de la Dordogne Sud, le 1er juillet 1944. Ce même groupe est affecté à l’État-major du régiment F.F.I.,(5)le 15 septembre 1944. Entre temps, Guy Muratelle a obtenu du ministère de l’Air l’attribution d’un avion Fieseler Fi 156, surnommé Storch (cigogne en allemand) à cause de son train d’atterrissage haut sur pattes. Du matériel récupéré sur l’ennemi, un avion à décollage et atterrissage court, excellent dans les missions d’observations, de transport ou d’ambulance volante. Un deuxième pilote, le sergent Descotte, venant rejoindre le groupe, un deuxième appareil, un Caudron Luciole, est débusqué, en pièces détachées, dans un hangar de l’aérodrome de Bordeaux Mérignac.

Nommé sous-lieutenant, à partir du 1er octobre 1944, Guy Muratelle, par ses missions d’observations permet les réglages d’artillerie lors de l’attaque de Royan du 14 avril 1945. Et puis, c’est l’attaque de l’ile d’Oléron, le 30 avril 1945. La mission du pilote est de déposer, en bord de mer, un officier de Marine qui, en tant que régulateur, est chargé de revoir les bateaux de débarquement.

(1) Les ailes françaises 1939-1941 – Victoires oubliées », les Dossiers de l’Histoire n°74, 1991, p 13
(2) Myriam Anissimov, Romain Gary, Le Caméléon, Follin, 2006, deuxième partie, page 170-172
(3) Patrick Facon, directeur de recherche « air » au service historique de la Défense, « Réflexion sur l’emploi de l’armée de l’Air de mai à juin 1940 »
(4) « Des ongles et du bec »
(5)Colonel Moressee,